Comme chaque année, plusieurs dizaines de millions d’Américains auront ce soir les yeux rivés sur le Super Bowl, grand-messe du football américain clôturant la saison.
Depuis plusieurs mois, les organisateurs s’activent pour être prêts à temps et pour recevoir dans les meilleurs conditions, les deux franchises ayant validé leur ticket d’entrée respectif dans ce qui sera le 11ème Super Bowl de l’histoire à se dérouler à Miami (Floride), le 6ème rien que pour le Hard Rock Stadium, précédemment connu sous les noms de Joe Robbie Stadium, Dolphins Stadium mais encore Sun Life Stadium.
Jusqu’alors à égalité avec La Nouvelle-Orléans (Louisiane), avec 10 rencontres de Super Bowl organisées sur son territoire, Miami est désormais seule en tête, même si la ville des rives du Mississippi reviendra à hauteur dans quatre ans, le 04 février 2024.
De la première en 1968, à la dernière édition en 2010, Miami a accueilli un total de 14 franchises – dont les Dallas Cowboys à trois reprises (1971, 1976, 1979) – pour une affluence en stade comprise entre 74 059 et 80 187 spectateurs.
D’abord organisé au sein de l’Orange Bowl Stadium, hôte de l’événement à 5 reprises entre 1968 et 1979, le Super Bowl en terre de Floride est ensuite accueilli dans l’enceinte toujours existante, bien que celle-ci ait connu moult transformations depuis son édification.
Bâtie pour être l’écrin des Miami Dolphins à la fin des années 1980, la structure n’est pas encore pourvue de toiture et ce, comme ce fut le cas pour nombre d’équipements de ce genre avant l’avènement de la modernité et de l’ultra-connectivité des stades.
Quelques années après son inauguration, au début de la décennie 1990, le Joe Robbie Stadium – du nom du fondateur des Dolphins de Miami – connaît de premières évolutions architecturales, avec la volonté affichée par les propriétaires d’organiser des événements autour du baseball. Au milieu des années 2000, un projet revient toutefois sur cette configuration et redonne au terrain un dimensionnement compatible avec la pratique du football américain.
Il faudra néanmoins attendre le milieu de la dernière décennie pour qu’un vaste programme de réaménagement soit engagé par la franchise des Dolphins.
Ces derniers entendent alors replacer Miami parmi les destinations sportives de premier plan au moment où la National Football League (NFL) se tourne de plus en plus vers des stades et des projets plus démesurés les uns que les autres.
Tout en conservant les escaliers emblématiques aux quatre coins de la structure d’origine, le projet de modernisation acté en deux temps a d’abord visé le changement de l’intégralité des sièges et l’aménagement de loges et suites confortables pour répondre aux derniers standards en la matière. Avec cette phase initiale de transformation, l’enceinte sportive perdit en capacité maximale d’accueil, élément confirmé lors de la phase finale du chantier marquée par l’installation d’une gigantesque toiture au-dessus des quatre tribunes, symboliquement reliées entre elles par quatre écrans géants.
Mené entre 2015 et 2016, ce chantier d’ampleur a nécessité un investissement – privé – de plus de 500 millions de dollars.
Aujourd’hui, le Hard Rock Stadium dispose d’une capacité moindre que ces prédécesseurs dans l’exercice d’accueil du Super Bowl : 65 330 places « seulement » contre 83 000 places pour le Mercedes-Benz Stadium d’Atlanta (Géorgie), hôte de l’événement l’an passé, et 73 000 places pour l’US Bank Stadium de Minneapolis (Minnesota) qui avait reçu la manifestation sportive en 2018.
Si l’on se projette sur les prochaines éditions d’ores et déjà attribuées par les franchises de la NFL, le constat est identique.
En 2021, le Raymond James Stadium à Tampa (Floride) pourra ainsi recevoir jusqu’à 75 000 personnes, tandis qu’en 2022, le SoFi Stadium à Inglewood (Californie) placera la barre à un niveau rarement atteint dans l’histoire du Super Bowl, tant en termes de capacité que de modernité avec une affluence comprise entre 70 240 et 100 000 spectateurs.
Les deux années suivantes, soit en 2023 et en 2024, la capacité maximale sera de l’ordre de 72 200 personnes pour le State Farm Stadium à Glendale (Arizona) et de 72 000 spectateurs pour le Mercedes-Benz Superdome de La Nouvelle-Orléans.
Mais si la démesure passée et future du Super Bowl sera peut-être atténuée par la tenue de l’événement dans un stade somme toute plus classique, il ne faut pas négliger un fait : l’économie autour de ce show américain reste plus que jamais considérable.
Au-delà des retombées économies pour Miami et sa région, avec plus de 150 000 visiteurs annoncés, l’organisation du 54ème Super Bowl a immanquablement engendré une nouvelle surenchère en ce qui concerne la commercialisation des fameux spots publicitaires.
L’an passé, ces spots de 30 secondes s’étaient vendus à 5,25 millions de dollars pièce (4,73 millions d’euros). Cette année, les 77 créneaux disponibles se sont rapidement envolés à 5,6 millions de dollars (5,05 millions d’euros) pour des entreprises comme Google, Microsoft, Heinz, Porsche, ou encore Pringles.
Si l’on ajoute à cela le fait que 2020 est une année à fort enjeu électoral aux États-Unis – avec en particulier l’élection présidentielle de novembre prochain – les spots publicitaires devraient être scrutés avec beaucoup d’attention par les sondeurs et autres analystes politiques, peut-être un peu moins par la centaine de millions de téléspectateurs attendue.
Ce soir, Mike Bloomberg – engagé dans la course à l’investiture du Parti Démocrate – tentera par exemple de contrecarrer la campagne en cours de celui qu’il considère comme son rival principal, à savoir le Président sortant et candidat à sa réélection, Donald Trump. Avant l’heure des débats – si le premier parvient bien sûr à rafler la mise face à ses concurrents dans les Primaires et Caucus du printemps – les deux hommes vont s’affronter à distance, avec des encarts promotionnels de 60 secondes. Soit une coquette somme de 11,2 millions de dollars chacun (10,10 millions d’euros).
Au final, la vente des espaces publicitaires par le diffuseur 2020, CBS, devrait rapporter la bagatelle de 430 millions de dollars en une seule soirée soit 387,88 millions d’euros.
Outre la démesure commerciale, le Super Bowl LIV sera aussi marqué par une billetterie toujours aussi onéreuse qui conduit bien souvent les spectateurs à économiser une année durant pour espérer acheter le précieux sésame.
De fait, les derniers billets disponibles se vendent, sur les canaux officiels, entre 6 840 dollars (6 170 euros) – pour les places les moins bien exposées dans le stade – et 12 850 dollars (11 592 euros).
Sur le terrain sportif, les Chiefs de Kansas City et les 49ers de San Francisco fouleront ce soir la pelouse de Miami avec l’espoir de décrocher un nouveau trophée.
Exit cette année les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, les Broncos de Denver ou encore les Seahawks de Seattle – trois franchises présentent sur les dernières éditions – place à deux équipes qui n’ont plus atteint le sommet depuis de longues années.
Si la première – Kansas City – n’a remporté qu’une seule fois le Super Bowl, le 11 janvier 1970, à l’issue de la saison 1969, la seconde visera dans les prochaines heures un sixième titre. Cela lui permettrait de rejoindre en haut du palmarès les Pittsburgh Steelers et les New England Patriots.
A noter que la rencontre entre les deux franchises prétendantes au Vince Lombardi Trophy sera évidemment ponctuée par le traditionnel – et très attendu – halftime show.
Cette année, pour succéder à Maroon 5 en 2019, la NFL a choisi deux stars féminines de la pop mondiale qui cumulent environ 135 millions d’albums vendus : Jennifer Lopez et Shakira.